La bataille qui a coûté la vie à Johann DREY

Attaque nocturne contre Ostrow.

Pour le 18 janvier (1915) était envisagée une opération de grande envergure contre le site d’Ostrow (près de Tarnow), dans le but de prendre des prisonniers et du matériel de guerre et de détruire le pont qui enjambait le Dunajec à l’est de Ostrow.

De 5h30 à 6h pm l’artillerie prit Ostrow sous un feu destructeur, et à 6h elle dirigea son feu sur Goslawice. Les deux localités ne tardèrent pas à être la proie des flammes. Grenades et obus traçaient leurs sentiers de feu dans le ciel nocturne. Pendant ce temps les détachements du régiment prévus pour l’attaque se sont mis en position.

La 11e compagnie, renforcée par 20 sapeurs du bataillon 47 du génie qui devaient faire sauter le pont du Dunajec, s’avança, depuis le pont de chemin de fer, le long de la digue du fleuve, vers le flanc est de Ostrow. Le 1er bataillon, dont les tranchées avaient été occupées par mesure de protection par les 6e et 8e compagnies, fut déployée depuis la direction de la gare de Bogumilowice jusque vers le coin sud-ouest de Ostrow. Aux premières lignes se trouvaient les 2e, 3e et 4e compagnies, alors que la 1ère compagnie suivait comme réserve. La 7e compagnie marcha sur Goslawice pour cacher à l’adversaire, par une attaque simulée, le véritable but de l’opération. A sa gauche les chasseurs du 19e menaient également une fausse attaque.

La lueur des flammes de l’incendie qui dévorait Ostrow était si intense que le champ de bataille était largement éclairé. Au devant se détachaient nettement les silhouettes des tireurs qui s’avançaient vers le village en formant un grand demi-cercle. La lueur des flammes dansait sur les canons plantés aux abords. Les canons n’étaient pas chargés, les clés rangées dans les havresacs. Bientôt les Russes entamèrent un tir nourri, en illuminant le champ de bataille presque comme en plein jour avec des projecteurs. Alors que les nôtres étaient éblouis par la clarté des flammes, les Russes avaient d’excellentes cibles, dans la mesure où leurs tranchées n’avaient presque pas souffert des tirs précédents. On voyait les réserves russes, qui avaient leurs quartiers dans la digue à l’est du village, accourir en file ininterrompue entre les maisons qui brulaient comme des torches et sauter dans les tranchées à la lisière du village. Malgré cela, les rangées d’attaquants se faufilèrent jusqu’aux barrages bien protégés. Mais de là il était impossible d’avancer davantage, bien que des mains habiles eussent remis en service les canons et que les tirs eussent repris. Parmi d’autres succomba le lieutenant Meier de la 3e compagnie.

Le chef de bataillon, le capitaine Trump, l’ordre de repli sur la gare de Bogumilowice. La 3e compagnie fut la première à se mettre hors de portée de l’ennemi, suivie de la 2e compagnie. Dans ces circonstances les compagnies furent dispersées, de sorte que les ordres et les informations passaient mal. La 4e compagnie restait introuvable. Elle avait perdu le contact avec la 3e compagnie et n’avait pas capté l’ordre de repli. Elle s’était enterrée dans des tranchées tout près des positions ennemies et poursuivait un combat âpre et sanglant. C’est là que tombèrent les lieutenants Zaedow et Lies. Leurs dépouilles sont restées dans les mains de l’ennemi. Le Feldwebel Beier fut grièvement blessé. Ce n’est que vers 12h30 le lendemain que la vaillante compagnie vit qu’elle était seule face à l’ennemi, et commença à se replier. La 11e compagnie, avec les sapeurs qui s’y étaient joints, n’a pas non plus réussi à forcer les barrages ennemis. Le lieutenant Hamann et 7 hommes furent blessés, un autre porté disparu. Les pertes du 1er bataillon, outre les officiers déjà cités, s’élevaient à 38 sous-officiers et hommes de troupe, morts ou blessés.

Extrait de « Das Reserve-Infanterie-Regiment Nr 217 im Weltkriege » de Hans
Schulze, 1932 ; traduit par Francis Drey le 17 juin 2011.